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Le désarroi de rats


Pièce unique
H.27 cm - grès émaillé

En 2008, j’ai exposé au Muséum d’Histoire Naturelle de Nancy. Il s’agissait d’une « sortie de réserve » : des animaux naturalisés et leur double en céramique leur redonnant vie, ne serait-ce que dans le regard des visiteurs. On m’a proposé de travailler autour d’un Roi de rats, une anomalie de la nature : Quand les rats sont petits, les portées sont regroupées et il peut arriver que les queues encore souples et visqueuses des ratons s’entremêlent de façon irréversible. En grandissant, l’entrelacs s’épaissit, se resserre et les bêtes restent «prisonnières d’elles mêmes» pour la vie.

La communauté les nourrit tant qu’elle le peu. Aucun ne blesse l’autre pour se libérer. Ils restent attachés (aux sens 1er et, probablement, 2nd du terme) les uns aux autres jusqu’à la fin.

Voilà l’histoire du Roi de rats,King of rats, Rattenkönig…). Face au Roi de rats de Strasbourg : 10 petits rats, secs, soudés par la queue, collés sur une feutrine verte dans une grande vitrine, je suis restée muette. Cette nature morte était bien éloignée de mon univers où les animaux s’amusent et sont vivants …

Pendant trois mois, en préparant l’exposition et modelant hippopotame, oryctérope, tortue et compagnie, j’ai repensé sans cesse à ce terrible destin. Comment leur redonner vie? Au tout dernier moment, j’ai imaginé une installation de mon roi de rats : les rats naturalisés en hauteur et les miens, plus bas regardant, médusés (mains jointes, sur le coeur, ballantes…), ce qui les attend s’ils restent prisonniers. Derrière, les queues se touchent mais sont dé-nouées d’où ce titre de Désarroi de rats. Chacun pouvant partir de son côté. Vivant.

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